Je ne sais pas épiler mes sourcils ni faire mes ongles ni marcher avec des talons aiguilles sans tordre les chevilles ni éviter de me couvrir de bosses et bleus ni porter un sac à mains ni bronzer pile puis face.
J’aime enfiler un vieux jean et boire des coups et chanter paillard et passer des nuits à jouer à la belote ou au poker ou atomiser tout le monde au bras de fer ou grimper aux arbres ou border les voiles par 20 noeuds de vent…
Bon ce qui me sauve, c’est que je déteste courir et boire du whisky sec et les films de John Woo.

Je ne sais pas peser mes mots, faire mes comptes, repasser, manger des huîtres (escargots-tarama-langue-sushis), accepter les contraintes.
J’aime me lever en plein milieu de l’après-midi, regarder des dvd, avaler un Mac Chicken, jouer avec mon fils à Zelda-The Windwaker, fumer des joints que je roule avec deux mains gauches.
Bon ce qui me sauve, c’est que je sais faire la cuisine, parler – et me faire entendre – en public, et trouver ma route sur une carte Michelin.

Je n’ai jamais lu Proust sans caler après dix pages, pareil pour Zola ou Balzac et j’en passe, pareil pour Godard et toute la clique.
Je lis Cornwell, Bridget Jones & clones, Harry Potter. Je lis Libé pour Entre-Nous, Elle pour Fonelle. J’ai toute la collec’ des films Girls Power, de Notting Hill à Thelma & Louise. Bon ce qui me sauve, c’est Flaubert, Lévi-Strauss, Duras, Maupassant, Prévert, Tardieu, et la littérature américaine, et Mozart et Bach et Verdi et Hitchcock et Lynch et tout ça. Je connais aussi l’histoire européénne depuis Philippe le Bel ce qui n’est pas très utile j’admets mais bon. Et la pop anglaise. Et je sais étaler ma culture comme la confiture.