
le premier jour – étienne daho
may i ask you somethin’ ?
Alors ça sent la fin. Vous faites plus gaffe et tu transfères à mort. Carrément maintenant t’attends plus la scansion pour te lever. ELLE
te demande le titre du Selby que tu lis, han. Sortie de route. Plus de limites, hors champ, hors cadre. Ces instants tu es celle qui sait, celle à qui ELLE demande. Vent de panique. Flou artistique, c’était un peu n’importe quoi aujourd’hui de toutes façons. Le bluff, toujours. Tu veux bluffer. C’est comme ça que tu t’y prends pour intéresser les gens. Tu leur parles d’autres gens. Que tu connais. Que tu as lu. Plus c’est glorieux et plus ça pète. La puissance et la gloire, again. Cette exigence d’être absolument parfaite. Irréprochable. Comme pour te dédouaner d’y être pour quelque chose, dans tout le bordel du reste. Faudrait pas qu’on puisse te prendre au dépourvu. Qu’on trouve un défaut, une faille. Oh la la non hein. Humiliation publique. La pire des terreurs. Hors de question voyons. Alors tu sors la première guerrière. La première en tout, la première partout. mademoiselle je sais tout. Tu sais ce que tu es entrain de faire, bien sûr. Tu vois, tu sens. L’attachement. So what. Tu te dis que ça sent la fin alors à quoi bon lutter contre l’alchimie des transferts et les projections. Three months left moins les vacances. Et puis au revoir. Il faudra recommencer avec quelqu’un d’autre. Alors bon. Relativisons hein. D’ailleurs maintenant tu lui parles comme si c’était ta nouvelle meilleure pote. C’est pas forcément une bonne nouvelle mais tu te dis que tu vas peut-être enfin arriver à sortir toutes ces questions, hum, disons médicales, que tu te poses. A son sujet. Et au tien. Et à propos de la psyK. Tu te rends compte que jamais tu ne lui poses de questions. Tu lui dis que t’as vu, que t’as lu, que tu penses, mais jamais tu n’oses aller au bout, jamais tu ne termines tes phrases par des points d’interrogation, jamais tu lui demandes son avis. T’abordes la question sans avoir l’air d’y toucher, t’en parles toujours avec ironie, un peu comme si c’était pas si important tout ça finalement hein. Comme pour pas l’agacer. Tu sais bien que c’est agaçant, cette manie que tu as de savoir tout sur tout mieux que tout le monde. De vouloir tout savoir, de vouloir le faire croire. La compulsion, l’obsession. L’insécurité. L’image de soi. La muraille. Aucune faille, parée à contrer toutes les attaques. T’es du genre à penser que c’est une invention pratique les dés, au trivial pursuit. Ça explique pourquoi des fois tu perds. Pas d’bol, c’est pas d’ta faute. T’as peur qu’ELLE te prenne de haut, t’as peur pour ta mégalo. Mais t’aimerais bien lui poser ces questions pourtant, et que ça soit simple, et spontané, t’aimerais bien que vous parliez plus des fois, qu’elle te dise ce qu’elle pense de ton cas. T’aimerais bien interroger le médecin, t’ancrer dans le réél. Seulement t’y arrives pas. T’as peur. De la déception. Qu’elle ne fasse pas les réponses que tu attends, qu’elle te déstabilise. Tu supportes pas, ça, être déstabilisée. L’ivresse et le vertige. Tu veux pas entendre ce qu’elle pourrait avoir à te dire. Peur qu’elle banalise, qu’elle relativise. Peur de perdre de l’importance. Peur du déni. Peur de la dissolution, une fois de plus. Qu’ELLE dise que c’est rien, que pas vraiment, que pas autant. Peur de la poussière. As in any side of your fuckin’ life. Comme si c’était un trophée, comme si tu visais le podium. Comme si tu cherchais une reconnaissance. Comme si il fallait une identification. Une validation.
te demande le titre du Selby que tu lis, han. Sortie de route. Plus de limites, hors champ, hors cadre. Ces instants tu es celle qui sait, celle à qui ELLE demande. Vent de panique. Flou artistique, c’était un peu n’importe quoi aujourd’hui de toutes façons. Le bluff, toujours. Tu veux bluffer. C’est comme ça que tu t’y prends pour intéresser les gens. Tu leur parles d’autres gens. Que tu connais. Que tu as lu. Plus c’est glorieux et plus ça pète. La puissance et la gloire, again. Cette exigence d’être absolument parfaite. Irréprochable. Comme pour te dédouaner d’y être pour quelque chose, dans tout le bordel du reste. Faudrait pas qu’on puisse te prendre au dépourvu. Qu’on trouve un défaut, une faille. Oh la la non hein. Humiliation publique. La pire des terreurs. Hors de question voyons. Alors tu sors la première guerrière. La première en tout, la première partout. mademoiselle je sais tout. Tu sais ce que tu es entrain de faire, bien sûr. Tu vois, tu sens. L’attachement. So what. Tu te dis que ça sent la fin alors à quoi bon lutter contre l’alchimie des transferts et les projections. Three months left moins les vacances. Et puis au revoir. Il faudra recommencer avec quelqu’un d’autre. Alors bon. Relativisons hein. D’ailleurs maintenant tu lui parles comme si c’était ta nouvelle meilleure pote. C’est pas forcément une bonne nouvelle mais tu te dis que tu vas peut-être enfin arriver à sortir toutes ces questions, hum, disons médicales, que tu te poses. A son sujet. Et au tien. Et à propos de la psyK. Tu te rends compte que jamais tu ne lui poses de questions. Tu lui dis que t’as vu, que t’as lu, que tu penses, mais jamais tu n’oses aller au bout, jamais tu ne termines tes phrases par des points d’interrogation, jamais tu lui demandes son avis. T’abordes la question sans avoir l’air d’y toucher, t’en parles toujours avec ironie, un peu comme si c’était pas si important tout ça finalement hein. Comme pour pas l’agacer. Tu sais bien que c’est agaçant, cette manie que tu as de savoir tout sur tout mieux que tout le monde. De vouloir tout savoir, de vouloir le faire croire. La compulsion, l’obsession. L’insécurité. L’image de soi. La muraille. Aucune faille, parée à contrer toutes les attaques. T’es du genre à penser que c’est une invention pratique les dés, au trivial pursuit. Ça explique pourquoi des fois tu perds. Pas d’bol, c’est pas d’ta faute. T’as peur qu’ELLE te prenne de haut, t’as peur pour ta mégalo. Mais t’aimerais bien lui poser ces questions pourtant, et que ça soit simple, et spontané, t’aimerais bien que vous parliez plus des fois, qu’elle te dise ce qu’elle pense de ton cas. T’aimerais bien interroger le médecin, t’ancrer dans le réél. Seulement t’y arrives pas. T’as peur. De la déception. Qu’elle ne fasse pas les réponses que tu attends, qu’elle te déstabilise. Tu supportes pas, ça, être déstabilisée. L’ivresse et le vertige. Tu veux pas entendre ce qu’elle pourrait avoir à te dire. Peur qu’elle banalise, qu’elle relativise. Peur de perdre de l’importance. Peur du déni. Peur de la dissolution, une fois de plus. Qu’ELLE dise que c’est rien, que pas vraiment, que pas autant. Peur de la poussière. As in any side of your fuckin’ life. Comme si c’était un trophée, comme si tu visais le podium. Comme si tu cherchais une reconnaissance. Comme si il fallait une identification. Une validation.
Tu préfères garder tes illusions. Tu préfères croire ta propre version de l’histoire. C’est tellement plus pratique. T’as besoin d’alimenter les ailes de ta confiance. Besoin que ça soit vrai, placardé, admis. Besoin que ça soit pas rien. L’incertitude te bascule. Tu voudrais y voir net, même si ça risque de tanguer. Poser les mots, pouvoir dire que. Va falloir arrêter hein, de te vautrer dans la subjectivité.
Tu sais bien que le seul moyen, c’est d’affronter.
le dernier beigbeider m’a tuée…
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