Je n’ai pas osé demandé à ma psy, hier, si elle me conseillait plutôt de continuer à lire et à m’auto-initier à la psychanalyse, ou si elle pensait que c’était pas une bonne idée. Généralement quand on pose ce genre de question à un psy, il nous la renvoit en pleine figure avec un «vous faites comme vous voulez», et je n’avais pas envie d’entendre cette réponse boomerang.
ou… la théorie du «Freud avait tout prévu».
La liberté. Une analyse propose d’expérimenter une liberté encadrée, et c’est sensationnel, littéralement. Pour la première fois je me sens responsable de mes actes et de mes choix, grâce au cadre, à ses règles plus fortes que n’importe quelles autres. Que je lise ou pas, que je m’auto-analyse ou pas, peu importe finalement. Je ne suis pas capable d’intégrer les concepts, les phases, que je n’ai pas encore atteints. C’est un peu comme l’accouchement, très théorique tant que le travail n’a pas commencé… Je suis en pause, à un stade du transfert, je commence à entrevoir l’objet du transfert, ça se dessine tout doucement, mais je n’ai aucune envie de le réaliser maintenant. Grosse grosse résistance. Je préfère me plonger dans l’histoire de la psychanalyse et des mécanismes de défense, dans les descriptions du trouble borderline (j’ai trouvé un mot pour donner du sens à mes symptômes, et oui…), dans la cyberconsultation de thèses et d’anti-thèses plutôt que de l’affronter seule, avant septembre. C’est une trouille, un peu, mais surtout le besoin, le désir etc. de vivre ça avec elle. Transfert positif, je le sais je l’ai lu je le vis. J’ai toutes les cartes en main pour reconstituer le puzzle, mais je n’ai pas envie de le faire seule, alors tout à coup je lis moins, ou plutôt je ne lis plus que les choses qui m’intéressent, avec un focus sur les états-limites… le transfert et le contre-transfert… Le reste je ne peux pas. M’intéresse pas, me laisse perplexe. L’interprétation symbolique des rêves, par exemple, bof. Je viens de lire le cas de l’homme aux loups, rien compris à cette histoire de scène primitive, complètement trop tirée par les cheveux, etc. Les associations libres, la neutralité bienveillante, j’adhère terriblement. Mais pas sur la suite.
J’ai l’impression d’avoir déblayé un petit coin de résistance, y a du boulot pour laisser tout l’espace à la liberté, à ma liberté. «Vous faites comme vous voulez», c’est bien une réponse qui revient à dire «vous me demandez de vous suggérer une direction à prendre, vous tentez une intrusion hors des limites du cadre, je reviens aux fondamentaux, je vous les rappelle… NON je ne vous aliénerais pas à ma volonté, vous laissant ensuite le loisir de vous prélasser dans d’infinies projections, que vous suiviez ou trahissiez la teneur de ma réponse… Vous êtes libre de vous-même, et vous vous apercevrez bien vite que cette question que vous venez de me poser ne porte absolument pas le sens que vous pensez lui donner»
Tout ceci est très proche des deux rêves successifs qui mettaient en scène ma psy. Des consignes illisibles. L’instrusion dans son cabinet sans prévenir. Le sentiment de l’avoir agacée, dérangée (affairée à fermer son appart pour l’été dans le premier ; plus ou moins en pause déjeuner dans le second…). Voilà une perspective inattendue des mes légères associations libres du jour, tiens.
C’est long, huit semaines.
Changée de bureau, c’est pas ça qui va améliorer mes performances mais c’est la fête. J’ai l’impression d’avoir redécouvert mon frère, attention aux projections, mais je suis étonnée et heureuse. Loustic en larmes au tel, soupir.
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