Je ne suis pas une sainte, vous savez. Enfin je crois. J’essaie souvent d’être plus-que-parfaite, mais ça ne marche pas.
L’empathie, des fois, c’est un peu comme tendre la joue droite quand on vient de te fracasser la gauche, et vice-versa. Un peu trop catho pour moi – qui en connaît un rayon sur le sujet, soit dit en passant. Soit-sage sinon viens pas te plaindre – mantra. Evidemment j’ai déconné tout-le-temps, rien écouté jamais, mais quand même. Si jamais. Si jamais c’était vrai, les battements d’ailes des papillons etc. Et oui. Quand même, quoi.
Comment s’oublier au point qu’on en vient à se nier ?
C’est injuste, comme idée et comme procédé.
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Mathieu marche trop vite, il aimerait taper très fort avec son pied sur les poubelles mais il ne souhaite pas attirer l’attention, non, il veut marcher tout droit sans croiser personne ni que personne ne le voit, jusqu’à ce que le calme revienne, ou qu’il soit trop fatigué pour s’entêter à monter la garde.
Mais qu’est-ce qui lui a pris. Il n’a plus de résilience, plus de capacité à supporter les coups.
Plus envie de faire semblant.
Heureusement je ne suis pas une fille, il se dit, heureusement je n’ai pas à marteler l’asphalte à six centimètres de haut – au bas mot.
Merde en même temps, merde je ne suis pas une fille, il se dit, c’est tout de même un peu ennuyant.
Maintenant il entend la mer. Les vagues. Il compte la septième. La plus dangereuse, l’inattendue. Les mouettes sont endormies, comme elle, pas comme lui. Il en veut à Swann, à l’accident, à l’océan, aux autres, il s’en veut à lui.
C’était tellement plus facile, sa vie avant.
Bien rangée.
Les départs, les livraisons, les apéros, un livre, et il est l’heure d’aller dormir.
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Je ne peux pas lui donner ce qu’il attend, ça me rend maboule parfois. Je n’ai pas envie de le perdre, qu’il s’en aille ou qu’il disparaisse. Je me souviens (je me rappelle) toutes ces autres fois un peu pareilles. Toutes ces fois où ils ont disparu – ou peut-être je les ai simplement effacés, je ne sais plus.
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