
j’veux du soleil – les négresses vertes
wouldn’t it be nice…
Elle n’est pas partie, ta rage. Cette saloperie d’excroissance autonome et boursoufflée, une cocotte-minute importée des limbes de ton passé. T’as beau te cramponner au couvercle, pour rien laisser fuir, pour contrôler, pour mater, pour la tenir à carreau chaque seconde où tu la sens gonfler et bouillonner et t’éventrer ; t’as beau refuser de te laisser dominer, lui répéter que c’est pas négociable, du tout, lui rappeler que son règne a passé désormais, forever, t’as beau lui enjoindre de se taire, shut up connasse, bordel, fous le camp maintenant, c’est pas comme si ça la dérangeait tellement de te déborder, on dirait. A l’entendre, il faudrait plier la vie à sa volonté. Il faudrait céder à tous les caprices, toutes les pulsions, toutes les intimidations. Ainsi soit-il. Je veux et j’exige. Tout de suite. Elle te prend au réveil. Surprise du chef. Va savoir pourquoi, va savoir ce qui s’est raconté pendant que tu dormais. Tu voudrais l’extraire. La matérialiser, pour lui filer un robuste coup de pied. La dégommer. Hop hop hop, va donc faire un tour du côté de la stratosphère, va t’en embrouiller un autre coin de l’univers. Puisqu’on te dit qu’il n’y a plus de place pour toi par ici. Va voir ailleurs si j’y suis. Laisse-nous tranquilles. Etc. C’est reparti dans le monologue egologique. Quelle fatigue. Tu ne sais plus bien quoi faire, ni par quel bout la prendre. Tu te dis que ça va passer, comme d’habitude, et sûrement plus vite qu’avant, d’ailleurs. Seulement t’en as ras le cul, en attendant. Overdose. Ça fait presque vingt ans maintenant. C’est un peu beaucoup, vingt ans. C’est un peu lourd, comme boulet. Ça laisse des traces sur le pavé. T’es énervée.
Dis bon sang, c’est quand que tu vas grandir, un peu ?
Etienne, étienne, oh, tiens le bien… reste allongé, je vais te rallumer… héhé… 

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