Chronique #504 : Carton plein

21 mars 2005 0 Permalink 0
macao – le grand orchestre du splendid
as we glance through pictures books…
Parfois t’enfiles le costume de la fille trop sympa (fais pas comme si tu savais pas pourquoi, mais passons). Celle qui se propose pour commander les pizzas pour toutes les personnes qui finalement vont dîner là. Celle qui fait le tour des uns et des autres, parce qu’en plus elle demande leur avis aux gens. Une royale, une quatre-fromages, une orientale, ça vous va ? Celle à qui on explique que oui, bof, une royale, c’est un peu fade, pourquoi pas une campagnarde plutôt, celle avec des lardons et des pommes de terre ? Celle à qui on signale que P. est allergique au roquefort, c’est terrible, il faut à tout prix éviter qu’elle soit en contact avec une étincelle de roquefort, à moins qu’il y ait un médecin et une perf’ de cortisone dans la salle. Celle qui va devoir trancher, pâte italienne ou pâte américaine, et c’est parti pour des heures de négociations. Celle qui accorde l’heure des horloges biologiques, entre ceux qui ont faim tout de suite et ceux à qui l’idée même d’une pizza, là, donne la nausée. Celle qui va être saoulée au delà des limites de l’éthylisme, mais qui encaisse, parce que bon, tant pis hein, après tout y a pas mort d’homme, faut bien bouffer, et faut bien qu’il y en ait une qui s’y colle, alors autant que ça soit elle, sinon on dînerait la semaine prochaine dans le meilleur des cas. La fille qui finalement gueule un bon coup, ça les fait taire, ils râlent, t’es chiante, quel caractère de merde, etc, mais finalement tout le monde est content, et les pizzas étaient super bonnes, ite missa est. La fille qui n’aura rien mangé parce que vraiment hein, ils l’ont fatiguée, quel mal de crâne, d’ailleurs elle va se coucher. Celle qui s’est oublié de la fête, qu’est-ce que ça peut faire après tout puisque tout le monde est content hein.

Seulement la fille trop sympa, cette fois, elle était moins sûre qu’avant d’avoir envie de se proposer pour les commander, les pizzas. Et puis elle s’est dit qu’elle lui devait bien ça, à son père. Pour le remercier de lui avoir transmis ce qu’ils portent au fond, elle et lui. Pour lui montrer qu’elle avait compris. Ecrire ce qu’elle ne peut pas dire. Dessiner en télé-réalité ce qu’elle ne peut pas lui laisser lire dans ses yeux. Alors elle a fait le tour, parce qu’elle ne pouvait pas imaginer un tête à tête, parce qu’elle ne veut pas d’un tête à tête, et puis elle ne veut pas être mise sous les projecteurs cette fille-là, elle veut être la régisseuse, en coulisses. Elle en a parlé aux autres, ils ont dit quelle bonne idée. Et puis ils ont démonté. Reconstruit n’importe comment, sans aucun sens. Il y a toujours quelqu’un pour gâcher la fête. Seulement la fille trop sympa, cette fois, elle a du jeu. Elle en a rien à foutre de leurs conneries de guerres des clans. Cet après-midi, elle a pris un fusil. Elle a visé la cible. Sept plombs, tous dedans. Autour, stupeur. Ah ouais, c’est la première fois hein. Bon forcément l’exploit c’était au beau milieu de la kermesse de l’école de son fils, à la fille trop sympa des fois, on peut pas dire que ça compte pour les jeux olympiques à paris en 2012, non plus. Mais c’est toujours ça de pris. Le contrôle absolu. La carabine sur l’épaule, le jambes campées au sol. Calée. Concentrée. Comme un flux émis de l’intérieur, un déroulement parfait. Comme une pensée incorporée. Le silence, le silence intérieur. La fille trop gentille n’a plus envie de rire. Elle ne répond plus au téléphone et qu’ils aillent se faire foutre.

Il n’a plus la même gueule ton costume de fille trop gentille.
Maintenant, faut plus venir te faire chier. C’est terminé.

tout viré les écrits du week-end… pas facile d’assumer hein… pas facile la sincérité.

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