Tu n’as aucune envie d’écrire ce qui se passe dans ta tête, ni ici, ni ailleurs, c’est absolument pas racontable cette bataille, les courants électriques qui te traversent, l’endurance, et la joie aussi, la fierté, et puis qu’est-ce que tu veux encore t’expliquer d’ailleurs, il n’y a rien à expliquer, il faut juste s’habituer à remplacer l’angoisse par le vide, et puis redessiner. Ne pas confondre. C’est un truc terrible, la parano. Elle te l’avait écrit et oui, tu t’étais dit, oui, ça doit être terrible, seulement tu voyais pas trop de quoi elle te parlait. Quand tu sais pas, tu fais semblant de savoir. C’est toi madame parfaite, remember, aucune faille, jamais. Maintenant tu t’en fous, de pas savoir. T’as envie qu’on t’apprenne, un peu. Marre de devoir tout faire, ras le bol des conventions egotionnelles, c’est super chiant, qu’est-ce que tu veux qu’on donne à quelqu’un qui a tout. C’est ça ton problème, avec le désir. T’as tout, sauf l’essentiel. Madame Freud va nous dire que c’est exactement ce qu’elle répète depuis des mois, tu vois, qu’il y a des kilomètres de littérature à ce sujet by the way, que t’es prétentieuse, c’est à peine croyable, etc., putain et alors qu’est-ce que ça peut bien foutre, bon sang. Tu savais pas que tes désirs, il fallait les créer. Tu croyais qu’ils pré-existaient. Et puis il fallait tout donner. Sinon c’était tricher. Autant pas partir sur de mauvaises bases. C’est dingue. Toutes ces règles que tu as inventées. Cet univers personnel dans lequel tu t’étais enfermée. Paranoïa. Prise de pouvoir. Tout contrôler. T’es sidérée. Une vraie révolution. T’aurais besoin d’ELLE. Y a que chez ELLE que t’as envie de déposer toutes ces choses que t’es entrain de réaliser. Envie. Besoin. Les nouvelles dimensions. Ces instants parfaits où tu fermes les yeux et tu t’envoles. Gonzales au piano. Les images se dessinent, et puis tu souris. Ce que tu veux n’a pas grand chose à voir avec ce qui te fait du bien. C’est aussi bête que ça, tu vois. Suffit de changer l’ordre dans ta check-list. Suffit d’arrêter de croire avant de voir.
T’as aucune envie d’écrire ce qui se passe dans ta tête, et puis tu sais pas si tu saurais faire. Ni si ça a grand intérêt de traduire tout ça en mots, à vrai dire. Tu peux pas t’engager dans une direction où une autre, tant que tu sais pas exactement où tu désires aller. Même si ça commence à sérieusement se préciser. Même si t’as l’impression d’avoir sacrément débroussaillé. Et puis aussi, c’est des mots qui n’ont jamais été dits, que t’as jamais accepté de formuler. Trop megalo pour ça. Alors t’as le trac, vachement. Tu gommes les fausses peintures, tu te dis que ça prend du temps, t’as même pas honte de sortir les bonnes vieilles excuses imparables et toutes prêtes, l’important c’est de pas confondre, never again.
C’est juste ça qu’il faut écrire, pour s’en rappeler. Parce que le reste, t’es pas prête de l’oublier.
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