Il a ces symptômes et tous les signaux dans le rouge parce qu’à présent mon corps gueule et il me réveille et il s’enfièvre et il s’enivre et c’est évident tu sais c’est limpide oh tellement inexprimable mais tellement incontestable. Branle-bas de combat non mais ça va pas se passer comme ça les enfants et me voilà cette gamine aux cheveux bleus en prise avec ce vieux bonhomme à la barbe blanche d’un autre dessin animé. Qui aurait les commandes du cerveau central, alors c’est la guerre et cette putain de lutte permanente et toutes les armes sont réquisitionnées. Non non dit-il je refuse alors qu’elle se contre-fiche des instructions. Oui oui dit-elle je veux tandis qu’il orchestre une abominable rétention d’informations mais le concert se joue malgré lui, ploc ploc ploc ploc et je tourbillonne au bord de l’écoeurement pour attraper les notes et les messages abscons – bordel le vieux tu vas le mettre en route le décodeur ?

Il y a ELLE et nos séances irrégulières. Comme inachevées quand la résistance est tout juste effleurée et alors c’est physiquement insupportable et odieux et les démons crient victoire, victoire, et ils dansent et ils cognent et c’est comme mille aiguilles dans la tête et ils écrasent et ils piétinent. Mais ils s’affaiblissent et ils ne se méfient plus. Ils ne voient pas que j’ai appris à reconnaître leur arrogance. Alors arrive une autre séance et je pleure et j’étouffe leur vigilance et les mots prennent corps au milieu du chaos et je mets du sens et j’entends enfin j’entends cette petite fille qui voudrait bien grandir un peu, oh juste un peu et qui voudrait bien qu’on la prenne dans les bras et poser son épaule contre une autre épaule et pourquoi je n’ai pas de souvenirs de calins et pourquoi il y a ce manque et pourquoi l’idée de vous serrer très fort glace d’effroi et pourquoi je n’arrive pas à pardonner et pourquoi je suis en colère quand je ne suis pas en désespoir et pourquoi je suis incapable de lâcher une main qui ne m’a jamais tenue. En route pour la joie.