Chronique #534 : Kinder surprise

27 avril 2005 0 Permalink 0
teach your children well – crosby steels nash & young
le meilleur, c’est les pommes d’amour
La nuit dernière, il a fait un cauchemar. C’est curieux, ici il se réveille toutes les nuits, dans une espèce d’état somnambulaire et il faut le recoucher alors qu’il se débat et envoie des coups de pieds et fait valser couette et oreillers… souvent, le matin, il ne se souvient de rien. Tu l’as rendormi vers 1h, puis il a hurlé à 3h. Il te raconte. Il jouait avec son père, dans l’appartement, là-bas, celui où ça s’est passé il y a plus de deux ans maintenant, l’overdose de médicaments. Il y avait quelqu’un de très méchant, une marionnette, qui tirait les oreilles si on ne lui obéïssait pas immédiatement. Il ne veut plus en parler, il te dit que ça le fait pleurer. Tralala. Evidemment tu rigoles, tu le prends pour toi. The marâtre des contes de fées. Ça sonne un peu faux, tout de même. Trop simple. T’es pas touchée. T’es étonnée. D’habitude, ça fait super mal. Pas là. Alors tu n’y crois pas. Tu verras bien ce que tu en diras, chez ELLE. Cet après-midi, c’était presque bien. Bientôt, tu aimeras ça. Bientôt, tu t’en ficheras. Qui est là, qui te voit. Bientôt, tu n’auras plus ces déconnexions obsessionnelles. Bientôt, tu passeras du clan des contre à celui des pour. Il est vraiment mignon quand même. A croire que tu ne le vois pas. A croire que ça ne t’intéresse pas. Accessoire… Tu te dégoutes. Putain, il est pas joli, joli, ton tableau de Dorian Gray. Tu sais pas faire. Tu sais rien faire. Tu copies. The néant. A quoi ça sert, le désir. Pourtant, tu voudrais brûler. Que ça s’arrête jamais. Casser l’armure, sortir l’intérieur. Des étoiles partout. Traverser ta vie dans le bon sens, savoir où t’as envie d’aller pour de vrai. Que ça vienne du fond, comme une évidence. T’es sur le bon chemin, c’est facile à voir. Tu répares. Et comme par hasard, ça s’articule considérablement mieux. C’est bien la preuve, dis. Abréaction, once again. La poule et l’oeuf. Anyway, t’as la nausée. Tu somatises. Mal au coeur, coeur au bord des lèvres. Tu bouffes rien. Pas faim. Tu goûtes et c’est trop salé, tout le temps. Tu fumes trop. Hey, il va pas se mettre en veille un jour, ton inconscient ? Personne ne lui a demandé d’être si bavard, faut lui dire en quelle langue à ton avis ? Tu t’occupes. Tu fais les cartons avec Léon. Les souvenirs de là-bas. Des jolis, et beaucoup qui font pleurer. Nostalgie. Pourtant, c’était pas ta place. Tant pis pour le feu, il te servait de bouilloire. Après tout il t’avait canalisée. Il avait su voir. Quelle tristesse, à la fin. Qu’est-ce que ça manque, de gratter des allumettes. Vous triez ses jouets. Les peluches, il veut pas les garder, sauf quelques unes, mais pour toi, maman. Tu souris. Tu les as encore, les tiennes. A part l’écureuil, évidemment. Il y a la Corolle, et puis Snoopy, et puis Charlie. Sûre que tu vas pas les jeter, sûre que ça vaut le coup de les faire, ces cartons. Ecrémage sévère. Vamos les machins que t’as jamais aimé, les trucs qu’on t’offrait sans te faire plaisir, ni t’étonner. Vous vous entendez bien. C’est infernal de pas pouvoir gommer. Quel boulot, de construire l’intérieur. Saloperie d’inertie qui t’appelle. Tu la laisseras pas faire. Terminé. Y a pas d’à quoi bon qui tienne, fillette. Viens pas faire chier. Apprends à t’organiser. Lâche. Il serait temps. T’as autre chose à faire. C’est pas le moment de dessiner. Hop hop. Regarde pas la mélasse à tes pieds, c’est comme quand on a le vertige, faut pas y penser.

Faudrait juste arriver à déconnecter.

patrice drevet, je suis désolée, finalement tu ne dors pas à la maison ce soir, parce que, vois-tu, on a préféré rentrer armés comme pour tenir un siège, et dégommer tous les playmobils déjà cassés.

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