
Et puis surtout, je suis en plein transfert avec MMSP. Enfin je crois. Le problème c’est que je crois que je ne fais pas une analyse, mais une psychotérapie analytique. Que je ne sais pas si elle a les compétences analytiques pour analyser mon transfert. En même temps, je ne sais pas non plus si ce que je viens d’écrire n’est pas simplement l’émanation d’une résistance supplémentaire. En résumé, vu que selon Freud tout acte d’opposition, toute interrogation ou toute rationalisation sauvage est une résistance, difficile de savoir si mes questions en sont une ou non. Le plus simple serait sans doute de commencer par lui poser la question, du style « Est-ce que le travail que nous faisons est une thérapie ou une analyse ? », et là on entre au coeur du problème vu que c’est une question qui déclenche une trouille terrible en moi quand je me projette la lui posant.
Donc une résistance.
Parce que je suis en plein transfert.
Je suis pas dans la merde.
Parce que tout ce que je retiens depuis sept mois ne peut sortir qu’à cette condition. Si j’arrive à me détacher de l’image que j’ai de moi par rapport à elle. Si j’arrête de vouloir lui plaire, qu’elle me trouve intéressante, sensée, hype. Bref, si j’arrive à analyser avec elle ce transfert, et à le dénouer… Mais un transfert c’est un peu le cercle vicieux, il induit une résistance qui l’enferme dans la névrose… je-dois-lui-parler-pour-sortir-du-transfert-mais-je-ne-peux-pas-lui-parler-car-je-suis-en-plein-transfert…
Et puis comme je suis en plein transfert, évidemment tous les symptômes de ma névrose habituelle sont au rendez-vous… désir de l’épater, lapsus innombrables que je ressasse à gogo, focalisations, projections, fantasmes… Un jour je serais sa meilleure amie, et puis j’aurais tellement tout compris à la vie (comme elle) que nous aurons un cabinet de psy ensemble et on sauvera les gens de leurs mal-être… Je ne connais rien de sa vie, c’est pas faute d’avoir cherché mais à part deux indices douteux je ne sais rien.
Ah si, je connais sa voiture (une vieille 104 pourrie) et son vélo quand il fait beau. J’ai envie de lui ressembler, j’aimerais échanger ma vie avec la sienne. Je suis en PLEIN dans ma névrose, c’est terrible. Et comment lui dire tout ça ? L’idée même me glace. Impossible. Et pourtant, plus j’attends pour parler, plus le transfert se cristallise.
J’ai très peur aussi de mes paniques, de mes angoisses. Pour l’instant j’arrive à gérer, je dors beaucoup, télé mots croisés… Une fixation sur le beau temps aussi, ou plutôt sur le bronzage enfin je sais pas trop… Bref pour l’instant je gère, mais pour combien de temps ? Si je plonge dans l’inconnu, ou si je laisse la situation perdurer, est-ce que j’y arriverais toujours ? Mon corps porte des cicatrices indélébiles des temps anciens, de la première chute du surmoi… Soit je continue à cristalliser et à enfouir et je m’accomode avec pour la vie, soit je lâche tout et c’est la grande inconnue. En plus, je suis tellement narcissique en ce moment que la violence a plutôt tendance à se retourner contre les autres. Violence verbale évidemment, mais la frontière me semble de plus en plus perméable…
Un beau champ de bataille que ma vie. Je ne sais même pas pourquoi je fais tout ça. Peut être que mon espoir n’est pas totalement mort, finalement.
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