Loustic : c’est trop triste que Justine et Paolo partent demain…
Moi : oui… mais tu sais, Sixtine arrive ce soir.
[air réjoui de Loustic] Justine : c’est qui, Sixtine ??
Moi : alors… tu sais qui est Papilou ?
Justine : oui, le mari de Mamita, mais il est mort quand j’étais toute petite
[NDLR : Papilou et Mamita sont nos grands-parents] Moi : Bon. Et bien Papilou avait un frère, Oncle Pierre. Et la dame qui est venue prendre le café chez Mamita avec nous après le déjeuner, c’est Tante Sophie, la femme de Oncle Pierre, qui lui aussi est mort. Tante Sophie et Oncle Pierre habitent la maison voisine de celle de Mamita. Et bien Sixtine c’est la fille d’une fille d’une fille de Tante Sophie.
Justine : euh… et c’est ma cousine alors ?
Moi : oui, c’est ta cousine. Et quand j’avais ton âge, j’allais à la piscine avec sa maman.

Justine est une gamine adorable, improbable. Pur produit d’une famille recomposée, elle est passionnée par la famille et ses méandres – et c’est pas peu dire.
Le père de Justine, mon oncle, a épousé une femme (Sarah) qui avait déjà un enfant, Carlos. Lequel Carlos devint immédiatement l’idole du Club des Cinq (mon frère ma cousine mon cousin et moi), parce qu’il avait un an de plus que nous, et peur de rien. Bref. Mon oncle et Sarah ont eu des jumeaux, Romain et Alexis. Puis ont divorcé. Mon oncle a ensuite épousée Patricia, avec qui il a eu Justine. Puis il a divorcé. Maintenant, il entretient une relation plutôt houleuse avec Minnie, maman de Faustine, 12 ans.

Mais je m’éloigne.

La scène a eu lieu hier. Et aujourd’hui, après les 137 « chaipakoifaire » de Loustic, abandonné par ses *grands cousins* (sic !), je l’emmène à la piscine. Où je retrouve Valérie et la fameuse Sixtine, accompagnées de Emma (soeur de Valérie), Blaise, Nathan et Lucie (enfants d’Emma).

Emma, c’était mon idole, quand j’étais enfant. Deux ans de plus que moi, c’est ma cousine issue-de-germaine. Nous passions l’une et l’autre nos étés chez nos grands-parents respectifs, et je l’adorais. Elle avait une emprise sur moi que personne n’a jamais eu. Elle était la chef de bande, j’étais sa seconde, et nous avons fait les 400 coups… Sauter dans les foins, fabriquer de la soupe de queues de radis que nous faisions cuire dans un vieux poële, répéter d’improbables spectacles – véritables tortures pour nos parents respectifs, réquisitionnés comme spectateurs, et rackétés en prime -, frimer à la piscine en ramassant des cailloux à 4m22 de profondeur – depuis, la piscine est passée aux normes, 2m80, sacrilège !!! -, etc. J’étais super fière d’être sa suiveuse, face à ma cousine germaine qui, parce qu’elle était moins souvent là, ne faisait pas partie de la bande.

J’aurais voulu ETRE Emma.

Et puis les années ont passé. L’insouciante ignorance de l’enfance s’est envolée. J’ai découvert que Emma avait souffert, beaucoup. Que son père que j’adulais parce qu’il était son père et qu’il nous faisait toujours faire des tas de trucs exceptionnels était un salaud, un escroc, un enfoiré.

Aujourd’hui Emma est mariée, maman. Elle a la vie que je voudrais avoir, en un sens. Même si… malgré tout, je préfère la mienne. Parce que Emma est trop adulte, trop sérieuse, trop sévère.

Emma m’impressionne.

Je n’arrive pas, plus, à être naturelle, en sa présence. Je joue. Et je souhaiterais que nos relations soient plus *normales*…

Avec Valérie, plus vieille que Emma, que je n’ai jamais vraiment connu quand j’étais enfant (elle a six ans de plus que moi…), je me sens bien plus à l’aise, et d’ailleurs nous nous voyons assez souvent.

La vie est bizarre…

– un autre jour, peut-être, j’aborderais ma passion pour la généalogie… Rien que *du côté de Papilou*, nous sommes près de cent-cinquante descendants !