Moi je suis allée voir la lune, allongée sur l’herbe, cigarette, et rien d’autre. Tranquille. Tous couchés, plus de bruit enfin. J’ai été odieuse pas mal de fois dans cette journée, jusqu’à ce que je prenne mon vélo vers G., pédalé vers l’étang très vite, et puis cette sieste et mes rêves au soleil, et puis le retour, et puis ma voiture à fond jusqu’à C., c’est dingue que j’aime rouler comme ça aujourd’hui, rouler comme pour me perdre rouler dans n’importe quelle direction, dingue comme ça me calme, depuis que je n’habite plus B. Odieuse et agacée, sans vraiment savoir pourquoi c’était tellement insupportable les cris des enfants autour de la table de ping-pong, les coups de marteaux de mon père and co pour ouvrir une nouvelle porte, les plannings prévisionnels du harem – menu du déjeuner comptage de qui dîne ou pas et à quelle heure et qui va dormir dans quelle chambre et demain jour de brocante à G. et blablabla. Et T. qui est parti sac au dos à Benicassim avec toute la clique, pourquoi pas moi pourquoi pas moi pourquoi pas moi. La lune d’hier soir après tout ça, cadeau. Apaisement. Textos, jolis mots. Je pouvais aller me coucher, m’endormir face au visage de Léon baigné de cette étrange lumière blanche.

Après je ne sais plus trop bien, bribes de rêves, beaucoup, comme une nuit de pleine lune quoi. Rêvé de frontières et de comment c’est quand même vachement plus facile de se balader en Europe depuis que les postes de frontières ont été désertés. Rêvé de traversées des mers, prendre un bateau et partir – je sens que les bateaux sont ivres etc. Y a même plus besoin d’être devin tellement les symboles sont gros.

Réveil lumineux. Léon est toujours là, sa main sur ma joue – ultime réminiscence de l’allaitement cette main. Il écoute les bruits du matin, il me dit que ça y est il sait parler aux tourterelles, que c’est bon elles le comprennent, que si je veux il peut m’apprendre. Tout va bien.