Napo est le chef de la filiale française d’une multinationale presque centenaire donc c’est lui qui commande et pas de discussions. Sinon c’est la porte non mais on va pas se faire emmerder par des merdeux sous prétexte qu’ils bossent. Comme tout bon chef, Napo dispose d’une cour de lieutenants à sa botte. Lesquels lieutenants se vouent une haine absolue. Jusque là, rien de très nouveau sous le soleil de Dallas.

Le soleil, transition toute trouvée pour aborder le sujet de l’épisode du jour : le Summer Job plus communément appelé SuJo – prononcer [SsuDjo]. Le SuJo fleurit en nombre dans les couloirs de l’Empire à l’instant où les routes de France se bouchonnent de juillettistes direction plein sud. Main d’oeuvre pas chère, ersatz d’intérimaire, le SuJo est une brillante invention de la Reine Mère – confidente et favorite de l’Empereur Napo.

L’équation est simple, une plaidoirie pour la forme :

attendu que… même dans une multinationale aussi merveilleuse que l’Empire les gens font valoir leurs droits aux congés annuels plutôt que de faire preuve d’un minimum d’abnégation eu égard à tout ce que l’Empire fait pour eux ;

attendu que… parmi ces gens tout un tas ont des enfants, des neveux, des filleuls, des enfants d’amis ou des amis d’enfants ;

attendu que… l’Empire ne compte absolument pas pâtir de l’égoïsme incroyable de cette bande de feignasses qui partent se dorer côté face et côté pile sur des plages grouillantes de feignasses, qui se ressemble s’assemble ;

attendu que… l’Empire n’a pas d’argent évidemment l’Empire n’a jamais d’argent (le séminaire quatre étoiles – une semaine à Sainte-Lucie pour l’Empereur ses lieutenants et leurs familles -, la flotte de 4×4 de fonction, la dé-ringardisation des fiefs de la direction mis aux normes designesques du moment, la construction d’un restaurant privé pour Napo et ses sbires… ça ne compte pas, faut bien fidéliser les key managers si on veut pas qu’ils se barrent ravager ailleurs une herbe plus verte).

Bref attendu tout ça, on va pas se gêner pour faire venir les sus-cités enfants (ou neveux, etc.) bosser à la place de leurs parents (ou oncles, etc.), et on attend de la part de ces gens une reconnaissance éperdue pour l’Empire qui sauve ces jeunes gens d’un désoeuvrement certain en leur offrant une EXPERIENCE dans une MULTINATIONALE (certes ils ne sont pas payés, non mais et puis quoi encore ? Faudrait peut-être que Napo leur lave leur linge ?!). Mais il y a pire, et c’est là que l’on prend la mesure du machiavélisme effarant de la Reine-Mère.

Le SuJo n’est pas affecté au poste laissé vacant par le départ de celui qui l’a coopté, évidemment pas. Trop simple. Le SuJo est OFFERT à un autre, comme cadeau, selon la thèse officielle : son travail sera fait par le SuJo pendant son absence, il peut partir tranquille, il l’a bien mérité. Sale cadeau empoisonné oui. Vengeance subtile. Un SuJo non diplômé non expérimenté non qualifié a bossé tout l’été à votre place, on n’a pas vu la différence. Tirez-en les conclusions que vous voulez, mais faudrait voir à pas trop la ramener avec vos pleurnicheries continuelles…. Conséqeunces directes, les vacances ne sont plus qu’un lointain souvenir, faut mettre les bouchées doubles… quant au parent (ou oncle etc.) du SuJo, rupture totale et définitive de toute espèce de lien quel qu’il ait été. Et dire que la première semaine de juillet, ils se baladaient tous fièrement avec « leur » SuJo collé aux basques…

To be continued…