
«Ouais (air nonchalant), Matthieu (Chédid, dit M.) était en classe avec mon frère (vrai, mais en maternelle…). J’vais l’appeler, il nous aura des VIP (le mystère reste entier, histoire qu’on puisse éventuellement penser que Miss Mytho a les coordonnées perso du dit M)».*
Elle a balancé ça comme ça, sans réfléchir, juste pour attirer l’attention à ce moment précis. Elle ne pensait sûrement pas que quiconque la prendrait au sérieux, que quiconque allait la projeter dans une mélasse abominable, un enfer. Compulsion du mensonge. Spirale, gouffre béant, évidemment elle y plonge. La surenchère, impossible d’avouer, tout plutôt que ça. Tu-es-une-menteuse forêt d’index mépris consternation déception solitude néant. Inventer, c’est plus facile et ça marche à tous les coups. Ne pas hésiter à tartiner des litres de rocambolesque, Miss Mytho est entraînée, ça carbure à plein régime. Stupéfiant, seulement au bout du compte elle est acculée et bien emmerdée. Caramba, la situation est critique.
Par le pouvoir de la force ancestrale… voici qu’elle fait appel au super-héros, le mensonge-tellement-gros que c’est pas possible d’inventer un truc pareil. La pensée magique. «J’ai pas les pass, l’attachée de presse de M a rappellé, elle en a absolument besoin pour les refiler à Benjamin Biolay qu’elle a oublié d’inviter, pas moyen de lui refuser ce coup de main, on lui sauve la vie, tu comprends. Bien obligés d’accepter, en signe de sa gratitude éperdue elle va envoyer un exemplaire de Home à tout le monde, trop sympa.» Ça c’est dans le meilleur des cas, celui où l’histoire se termine à la caisse du Virgin, eh ben vous êtes fan vous ironico-goguenardo-mêlez-vous de ce qui vous regarde toi et ta veste rouge. Faut dire que sept albums d’un coup, ça a de quoi laisser perplexe.
Seulement il y a des fois où ça tangue carrément plus. Des fois où la pensée magique dépasse les limites et les bornes aussi. «J’ai pas les pass on m’a piqué mon sac dans le métro ils étaient dedans et mon portable aussi et ils m’ont pété le bras les enfoirés j’suis à l’hosto je suis plâtrée trois semaines entorse au poignet j’me souviens plus de leur tête mais ils étaient défoncés ça c’est sûr ah bon tu crois qu’il faut que je porte plainte mais ça va servir à quoi ?». Bienveillant entourage. Oublié, le plan M qui tombe à l’eau. Tu te rends compte la pauvre. Tu l’accompagnes chez les flics je préviens les autres on se retrouve chez elle après faut pas qu’on la laisse toute seule ce soir hein.
Vrai plâtre pour fausse entorse, facile de faire gonfler un poignet facile de simuler une douleur atroce facile de berner un interne surchargé aux urgences de l’hôpital public. Fausse déposition pour fausse agression, facile de bazarder son sac ses papiers son portable dans une bouche d’égout à l’autre bout de la ville tant pis pour le sacrifice, tant pis et bien fait punition sabordage. Trois semaines de galère, mais ça compte pas vraiment ça aurait pu être pire, on aurait pu la traiter de menteuse.
Pauvre Marie-Léonie prise dans l’engrenage. Pauvre Marie-Léonie qui n’avait pas du tout prévu qu’on la forcerait presque à aller porter plainte. Elle a fait fort.
Et je l’ai échappé belle.**
*cette histoire est une pure fiction blabla, toute ressemblance etc.
**note pour moi-même : voilà typiquement la chronique hybride à la sauce blog, romancer la réalité quand je suis en quête d’une identité… le cul entre deux chaises voilà la vérité… trop surfé sur 20six… côté pile et côté face… il y eut compulsions, lu chez VD… et l’éternelle question, matériau souffrance projection écriture…
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