Chronique #149 : Lettre à ma psy

24 juin 2004 0 Permalink 0
« […]les traumas s’accompagnent toujours d’un échec ou d’une distorsion des représentations, ainsi que de la nécessité de la répétition, dans l’espoir de corriger ces échecs. La répétition signe le traumatisme en ce qu ‘elle implique un effort pour faire disparaitre, refouler, ou maîtriser des affects incompréhensibles, gênants voire absurdes, du fait qu’ils sont liés à des non-représentations ou à des ersatz.[…] » in Conférences en ligne du site de la SPP.
Il faut que ça sorte.
Voilà où j’en suis. A essayer de comprendre, de décrypter, de chercher à tout expliquer par des preuves scientifiques (si on peut dire). A disséquer froidement mes névroses, sans trop savoir à quoi ça va servir.

Voilà ou j’en suis, et je suis complètement paumée. J’ai l’impression de connaître la fin et le début, mais rien de l’histoire.

Je pensais faire une thérapie. Un peu obligée, vu ce qui s’était passé, ma chute, mes blessures. Je venais vous parler et m’écouter vous parler, enfin quelqu’un qui m’écoutait, juste m’écoutait, ça faisait du bien. Freud et Lacan je n’y pensais même pas, trop philosophique tout ça, j’avais juste besoin d’une oreille. Sans le savoir peut-être, j’étais déjà entrée en analyse ? C’est ce que je me dis aujourd’hui. J’ai beaucoup erré, de médocs en médecines douces, avant de comprendre enfin que la seule chose qui m’aidait, c’était nos séances.

Aujourd’hui, je me retrouve plongée en plein tourbillon analytique. J’ai explosé, littéralement, tout a explosé. Je suis en état de sidération mentale, obsédée par ces bouts d’histoire qui s’emboîtent, obsédée par les séances avec vous… Je ne pense qu’à ça, l’attente entre deux séances est un calvaire, un supplice… Je voudrais une séance quotidienne, j’ai besoin de canaliser… Besoin de tempérer, de poser… Soif de comprendre, de ne pas aller trop vite, d’être recadrée… Je ne sais pas comment je vais faire cet été, et puis j’ai la trouille que vous me laissiez tomber, la trouille que ça s’arrête, la trouille de vous saouler, la trouille que vous décidiez d’arrêter, la trouille de ne plus pouvoir transférer, de me retrouver seule avec tout ça, dévastée et démunie, totalement ahurie.

Je suis fatiguée, épuisée. Je tourne et retourne ma théorie, je cherche des preuves partout, des éléments, je cherche dans ma vie les similitudes, les répétitions… L’impression d’avoir trouvé, enfin, et la terreur à l’idée d’interrompre définitivement nos séances… Vous, partout, au centre de mes interrogations, êtes vous analyste, avez vous fait une analyse, connaissez vous les théories de Freud, de Lacan, êtes vous capable d’assumer votre contre-transfert face au mien, de transfert ? Suis-je trop compliquée, trop limite pour vous ? En résumé, allez vous laisser tomber ? Vais-je me retrouver seule, désespérément seule ?

Voilà ce que je voulais écrire ce soir, en attendant cette fameuse prochaine séance, en attendant d’essayer d’aborder la question, de déposer le fardeau. J’ai la trouille.

Entre deux détections de répétitions dans ma vie professionnelle, ai un peu réussi à bosser, et à m’y intéresser. Pourvu que ça dure.

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