T’arrives pas à crever l’abcès. Tu sais pas par quel bout commencer, tu sais pas quoi décider, tu sais plus distinguer le faux du vrai. Tu sais plus où se trouve ton désir, et ce que tu dois faire. Ce qui est le mieux. Ce qui sera le mieux. Pour toi. Ce avec quoi tu vivras le mieux après, ce qui sera le moins difficile. Tu voudrais n’être pas si lucide. Tu voudrais traverser les fantasmes et que ça devienne moins obsessionnel. Dès que tu fermes les yeux, ça tourne. Et ça s’enchaîne, dans ce demi-sommeil où plus rien n’est très réél. Tu cèdes du terrain. Tes muscles se relâchent. Tu rêves, les yeux grands-ouvert. Et puis tu sursautes. Tu ne sais plus où tu es. Tu n’as pas réussi, pas encore cette fois-çi. Tu essaies de repartir, mais c’est déjà une autre image qui se dessine. Des nouveaux éléments. T’as changé de chaîne. Et ça recommence, et c’est un discours sans fin, et tu n’as pas envie de décider, tu veux du silence, et flotter, bordel on verra après, laissez-moi tranquille… Tu voudrais lâcher. Dégonfler. Faire taire ton dulby-surround. T’as pas que ça à faire. t’es bloquée, bloquée, le disque est rayé. Bordel ça te fiche en l’air. C’est quand même curieux cette manie d’aller chercher midi à quatorze heures. T’es acculée. Epuisée à force de retenir les digues. Faut abdiquer ma belle.
Polom, polom.
Comme si t’avais envie que ça s’arrête. Me fais pas rire. C’est bien joli, la comédie. C’est agréable même. Complaisant. Mieux vaut pas savoir. Mieux vaut ne pas achever l’histoire. Mieux vaut imaginer, imaginer ce qui t’arrange. Projeter, inventer, deviner. Etudier toutes les hypothèses. La réalité est tout le temps trop triste, comportementale. Tu préfères t’accrocher à des rêves. Tu veux refouler, refouler et que ta vie reprenne. Comme si c’était envisageable. Tu grandis. Tu peux pas revenir en arrière. T’as pas d’autre choix alors tu résistes, tu contractes, ton corps et tes muscles se rétractent, t’es devenue une bûche en bois, tu bouges pas le petit doigt. Tu sais pas ce qu’il y a derrière, tu sais pas ce qui va te tomber sur la gueule dans pas longtemps, c’est imminent. Comme une bombe à retardements. Tu vas plus pouvoir lutter longtemps.
T’as tellement pas envie, pourtant.
En attendant, tu as trouvé quoi faire.
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