Chronique #199 : Cinema Paradisio

26 juillet 2004 0 Permalink 0
Spasmophilie, donc. C’est le diagnostic. Finalement hein quand on refuse d’écouter ce que qu’il faudrait entendre, le corps prend le relais.
ou la projection en technicolor
Ce matin, j’ai pleuré pour rien. Boule dans la gorge, larmes au bord des yeux. Magnifique. Je n’avais pas pleuré depuis des semaines. Excepté devant la rediff’ de Tous des héros made in France 3 au beau milieu de la nuit la semaine dernière mais ça c’est une curieuse habitude, au moindre accouchement diffusé sur les ondes la réaction ne se fait pas attendre, émotion maximale. Pleurer pour rien juste par excès de tristesse, fatigue, mélancolie ou les trois à la fois, je ne savais plus faire. Alors que bon c’est quand même une libération – la sensation de toucher le fond et puis finalement ça s’arrête et tout de suite on se sent beaucoup mieux.

J’ai vu mon père pleurer samedi dernier. L’évocation de sa mère, peut-on souhaiter la mort des gens non et pourtant à quoi ça sert de continuer à vivre dans ces conditions. Le chagrin est sans doute un ultime reliquat de l’enfance – les lèvres qui tremblent, l’émotion à fleur de peau, les hoquets et les sanglots… Tu veux un Lexomil ?. Et voilà toujours la même rengaine, ils sont agaçants. J’ai ouvert une bouteille de Saint-Julien, et puis on a trinqué. A la vie à la mort.

Ils m’ont cueilli au réveil, dimanche. Je les attendais pour midi. Le temps de me lever sans réveil, de me préparer, d’enfiler le costume de la mère super cool super tendance super bien dans sa peau et dans sa vie – tu vois connard depuis que tu m’as quitté abruti ça m’a rendu service pauvre mec. Ils sont arrivés trop tôt. Je dormais encore. Comment rivaliser ? Comment montrer comment projeter cette image que j’ai envie de leur donner quand le coeur joue les caisses claires et que l’esprit est totalement embrumé ? Comment assumer ensuite… histoire d’éviter de rejouer le film quinze fois, mais qu’est-ce que je suis nulle et pathétique d’avoir dit ça mais j’aurais du faire çi etc. Comment lutter contre les interprétations à deux balles, le moindre regard le moindre mot. Pourtant je les méprise, lui sa nouvelle femme et leur petite vie. Pourtant je sais que la vie que nous avions ensemble était une espèce d’ersatz calqué sur mes images d’Epinal – il n’y a rien que je voudrais revivre de cette époque là, il n’y a rien que je souhaiterais continuer à vivre avec cet homme là. Parce que quand même CF c’était autre chose.

Bon. Tant que l’autre lourdingue de JR ne m’envoie pas des mails d’illuminé, je peux m’estimer en sursis. C’est quand même pas croyable de se voir proposer la lune sur un plateau par ce que qu’il y a de plus ringard, côté masculin. Pas franchement églorifiant. Moi je veux du futile et de l’exceptionnel. Du grandiose sans pathos. Je ne demande aucun contrat ni aucune promesse. Juste être sur la même longueur d’ondes, et vivre sans attente. Juste le plaisir.

Le temps de reconstruire un peu avant de m’autoriser à plonger la tête la première dans la vraie vie. Quand je serais capable de me laisser aimer, quitte à en souffrir. Mais alors une belle souffrance hein. Emma Bovary’s spirit.

Ou Camille Claudel.

Farniente absolue. Bougies, pénombre, sommeil. So quiet. Même pas appelé Léon – il est heureux, là-bas, auprès des miens.

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