Chronique #164 : Cartésiannisme

04 juillet 2004 0 Permalink 0
Toujours besoin de mettre des lettres dans des cases, et dans les bonnes, et dans les meilleures. Résistance intellectuelle totale à l’échec, à l’approximation, alors que dans la réalité je ne vais jamais au fond des choses…
et je m’en fous si j’invente des mots.
L’écriture comme outil majeur de l’association libre. Divaguer, errer, puis soudain comprendre. Articuler, déblayer… Organiser structurer indexer. Ici comme ailleurs, comme partout, il faut sans doute que je vive dans une grande anxiété latente mais enfouie pour avoir tant besoin de concret. Aucune fantaisie, je ne suis capable d’aucune fantaisie. Les gens fantasques m’épatent autant qu’ils m’inquiètent, un peu comme si nous vivions dans des mondes parallèlles. Un peu comme si j’essaie d’imaginer ce que ça fait d’être un homme. Je suis sidérée, quand je vois évoluer ces gens là. Ceux qui ne programment rien, ceux qui sont d’une spontanéïté insolente, les anti-conformistes…

Moi qui ne vit que par projections, j’ai besoin de les blinder, ces projections. D’être absolument convaincue que tous les détails sont conformes à l’image à laquelle j’aspire. Pas question de laisser quiconque interférer, pas question de laisser ébranler mes convictions.

Pa question de voir de la fantaisie dans les objets de mes transferts non plus, mes transferts marqués au fer de mes projections… Les objets sont tels que je les ai créés – comme des personnages de roman ? -, ils n’ont aucune latitude pour bouger de cette image d’autre, d’autre que je voudrais être. Je réagis très mal quand l’objet s’écarte du modèle, quand il ne respecte pas les codes. Je réagis très mal quand on me perce à jour aussi.

Pourquoi si peu de fantaisie ? Pourquoi est-ce que je ne projette jamais aucune fantaisie sur un objet, pourquoi tous mes transferts se font-ils uniquement sur des «sages» ?? C’est quand même curieux. Je n’ai pas d’explication… Je ne sais pas pourquoi je n’arrive pas à plonger dans Proust ou dans Boris Vian, alors que je suis raide dingue de Dumas ou Romain Gary… Pourquoi je suis si classique bien que dingue de tendances, si prévisible face à moi-même…

Devant le discours analytique, je suis paumée. Il faut que je baisse la garde. Que je laisse mes émotions gouverner davantage mes jours et mes nuits, que je me laisse porter.

Il faut que je sois plus disciplinée, aussi. Que j’aille au bout des choses, sans me décourager. Que je ne m’engage plus à faire quoique ce soit contre mon gré, et surtout que je ne provoque plus ces engagements moi-même.

Et voilà, je recommence à classer. Symptôme, symptôme.

Chut plus de bruit. Demain, j’écrirais en totale association libre.

Rien glandé, régression totale. Pas aussi agréable que prévu. Récupéré Loustic ce soir, il m’émerveille.

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