
Il y a le *contenant*, d’abord.
La psychothérapie d’inspiration analytique, puisque donc c’est le terme officiel. Ma psy qui m’obsède. Ma psy que je considère comme une magicienne, que je présente comme celle qui m’a sauvé la vie, que je voudrais voir plus souvent, à qui je pense tout le temps. Ma psy pourtant si décevante hier. Ma psy que je redoute d’avoir à quitter un jour, le plus tard possible. Celle qui pour moi sait tout, a tout compris, tout deviné, connaît toutes les réponses et même les questions alors que moi j’ignore tout, alors que moi je contemple un champ presque entièrement dévasté. Ma psy qui est mon double, en mieux. Si quelqu’un cherche un cobaye sur l’étude du parfait transfert, qu’il n’hésite pas je suis un cas édifiant (évidemment, et le plus grand cas de la planète tant que j’y suis, grande mégalo…). Ma psy qui se barre en vacances deux mois, mais comment vais-je faire ? Ma psy qui pendant ses vacances veut aller s’occuper de gens ailleurs, je le sais, je l’ai lu sur le web… (pas bien).
Il y a le *contenu*, ensuite.
Cette histoire d’Oedipe, d’arrivée avec le mauvais sexe… Tout se déroule. Une vraie histoire de saga télévisuelle estivale… Il était une fois un homme qui épousa une femme. Deux ans plus tard, Accident de voiture et l’homme meurt, laissant la femme assez gravement blessée et veuve de surcroît. Un an et demi plus tard, le petit frère de l’homme épouse la petite soeur de la femme, cette dernière éprouvant un mélange de joie et de désolation dans cette union. Un an après, la petite soeur est enceinte. Inconsciemment, elle se dit qu’elle va offrir symboliquement cet enfant à sa soeur (veuve solitaire exilée à l’époque), que ça sera un garçon, qu’elle en sera la marraine, que ça sera un peu son enfant aussi. Sa famille (nombreuse) ne se rend pas compte de cet investissement qu’elle fait sur l’enfant à naître, c’est le premier bébé de la nouvelle génération, et personne n’est autant marqué par l’Accident. Le futur père lui est plus divisé. Il trouve que son chagrin à lui face à la mort de son frère n’est pas tellement reconnu. En même temps il a envie de faire plaisir, et notamment à son père qui se trouve un peu dans la même situation que lui (déni de sa souffrance au profit de celle de sa femme). Il aimerait bien lui offrir un petit-fils. La futur mère est doublement atteinte par l’Accident. Son mari a perdu un frère, mais sa soeur a perdu un mari, alors que son mari a une femme (elle). Trinité improbable. La futur mère cristallise tout. Et au milieu de tout ça, arrive une fille. Alors que tout le monde attendait un garçon. Alors que ça devait être un garçon, tout était prévu, tout était planifié. Mais Pourquoi ?!!! Pourquoi on m’a fait ça ? Pourquoi ELLE m’a fait ça ?!!
Trente ans et quelques plus tard, ELLE
* est doté d’un parrain et d’une marraine de rechange quand son frère né moins de deux ans après est le filleul de la veuve (toujours) solitaire et de l’autre frère de son père (énième trio…)
* a souffert enfant d’une confusion fréquente « il veut quoi le petit garçon ? »
* a souffert d’agressions verbales prétendues anodines sur ses traits physiques, principalement ceux liés à la féminité (comme par hasard)
* a longtemps rêvé qu’elle accouchait d’un garçon en présence de sa mère… a accouché d’un garçon en présence de sa mère…
* n’arrive pas à se souvenir de témoignages d’amour de la part de sa mère et vice versa…
* a sorti en séance qu’il était inconcevable pour elle dès les premiers instants de sa grossesse d’attendre une fille, que ça devait être un garçon… (cadeau de réparation ?…) etc. etc. etc. J’y passerais la nuit. Et puis c’est bien joli mais et alors ? J’en fais quoi de tout ça ? Même si c’est vrai, ça changera quoi à ma vie, à ma mégalomanie, à mes conneries ?
Bon, en même temps, il y a six mois, je pensais être la rescapée d’une grossesse gémellaire…
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