Je n’ai plus faim, ou plutôt je ne peux plus m’asseoir à table et partager un repas. Je me nourris pour me remplir, par devoir, pour calmer ma faim mais je n’y éprouve plus aucun plaisir. Je prétexte des nausées (parfois, souvent réélles d’ailleurs) pour m’eclipser, m’allonger, bouquiner… J’aspire à une solitude choisie, un silence apaisant, que personne ne me parle… Mon père a recommencé aujourd’hui à balancer ses remarques acides sur mon comportement larvaire, lui qui ne conçoit pas qu’on puisse aimer ne rien faire (lire au soleil, surfer, errer…)

J’ai beaucoup lu encore aujourd’hui, polars et journaux intimes en ligne… Rangé mes affaires, téléphoné à Loustic qui compte les dodos (soupir…)

Aucune envie de téléphoner à qui que ce soit, de bavarder… Et culpabilité de ne pas le faire, ma Nonette a laissé trois messages, CAC réclame des nouvelles, ma tante était venue aussi pour me raconter (sa maison – son mec – sa vie…)

Mais je n’ai envie de rien. Les heures coulent comme l’eau sur les plumes d’un canard, je suis aseptisée, presque morte. L’avenir est jalonné, DRH Psy Loustic Formation pour l’année prochaine ma Girafe… Je dois avancer, continuer, sans odeur et sans saveur.